Située dans le 18e arrondissement à Paris, la copropriété de 1911 se compose de deux bâtiments, un sur rue et un sur cour et présente une géométrie complexe (1 cour, 2 courettes, renfoncements) et plurimitoyenne (l’immeuble est plus haut que ses voisins), ce qui demandait une rénovation particulière.

Au départ, la copropriété présentait des problèmes de structure et était dans un périmètre de réhabilitation. « J’avais contacté Urbanis autrefois pour des travaux de canalisation (qui n’ont jamais été réalisés), remarque Évelyne Kerfant, syndic bénévole et présidente du conseil syndical, et ce sont eux qui m’ont parlé d’aides exceptionnelles que pourrait avoir notre copropriété pour rénover totalement nos deux bâtiments. Nous avons alors travaillé de concert sur ce dossier d’envergure ».
« Il était urgent, explique Irène Autin, conseillère du 18e à l’Agence Parisienne du climat , de venir consolider les bâtiments de cette copropriété dégradée. Ensuite, un diagnostic technique global a permis de comprendre l’efficacité de différentes interventions, le ravalement des façades, la réfection des toitures et à la réfection de l’étanchéité de la cour ». « La copropriété a été accompagnée et conseillée par un assistant à maîtrise d’ouvrage Urbanis, explique Loïd Oyenameno, conseiller du 10e et du 8e arrondissement à l’Agence Parisienne du Climat, qui a permis d’obtenir des financements de différentes structures : ANAH, Ville de Paris, Conseil Régional d’Île-de-France (CRIF), Aide de Solidarité énergétique (ASE) financée par le Fonds d’aide à la rénovation thermique des logements ».
Une rénovation globale votée

Le choix des copropriétaires, très aidés dans le financement par la ville de Paris, s’est porté sur la décision d’effectuer tous les travaux d’efficacité énergétique possibles, excluant uniquement certains travaux privatifs, pour une économie estimée à plus de 60 % en énergie finale et en émissions. « Tous les pignons ont été rénovés sur les deux bâtiments, se souvient Irène Autin, à l’exception de la façade en brique donnant sur la rue où les briques défectueuses ont été remplacées et les joints ont été refaits en appliquant un traitement reminéralisant ». Les pignons ont été isolés par l’extérieur avec de la laine de roche d’épaisseur 14 cm (R de 3,9 m2.K/W), avec un enduit microporeux. « J’ai prescrit de la laine de roche, précise Jean Martin Gruss, architecte au cabinet SAS JM Gruss, car c’est un matériau perspirant. Cette rénovation globale est une démonstration d’un vrai gain en énergie sans atteinte à l’aspect patrimonial. Le plancher haut des caves a été renforcé avec des poutres métalliques. La toiture (brisis + terrasson) a été isolée à la fois par l’extérieur (sarking) avec un produit fin performant (polyuréthane de 13 cm, résistance thermique R de 6 m².K/W) et sur le plancher bas des combles non aménagés du terrasson en déroulant 2 couches croisées de laine de roche souple (10 cm + kraft en frein vapeur + 20 cm, R de 8 m².K/W). La résistance thermique totale de la toiture est donc de 14 m2.K/W. Cette solution permet de ne pas intervenir dans les logements du dernier étage. Des ventilations mécaniques individuelles hygroréglables ont été posées dans les parties privatives (extractions dans les pièces humides), et des entrées d’air ont été créées dans les fenêtres n’en ayant pas ». « Le choix d’un système de ventilation individuel, ajoute Irène Autin, s’est fait parce que nous étions dans une construction ancienne et que, dans certains appartements, la destination de certaines pièces a été changée au cours des années, ne rendant pas possible une ventilation collective ».
Des travaux individuels d’intérêt collectif

« L’ensemble des menuiseries des cages d’escalier, souligne Jean Martin Gruss, a été remplacé par des menuiseries bois à double vitrage. Au niveau des travaux privatifs, les copropriétaires dont les fenêtres étaient en simple vitrage ont eu la possibilité de remplacer leurs menuiseries par des fenêtres bois double-vitrage 4/16/4 argon. Une grande partie d’entre eux ont fait ce choix ». « Les garde-mangers sur cour correspondant à la cuisine faisaient autrefois office de réfrigérateurs, s’amuse Loïd Oyenameno, et étaient aujourd’hui une source de déperdition énergétique importante. Ils ont été conservés à la demande des Bâtiments de France. Ils ont donc été isolés par l’intérieur en laine de roche, lorsque les propriétaires ont donné leur accord ».
Des résidents très satisfaits

« Nous avons perdu beaucoup de temps, presque un an, expose Jean Martin Gruss, car l’immeuble est mitoyen avec 5 parcelles différentes (y compris d’un domaine de la RATP), des conventions de servitude d’empiètement ont dû être signées pour chaque pignon mitoyen. Nous avons été obligés de refaire le soubassement d’une des copropriétés mitoyennes, aux frais de la copropriété. Heureusement que la représentante du syndic bénévole a été remarquable et nous a bien assistés. Elle a fait les démarches pour obtenir les conventions de servitude d’empiètements des copropriétés voisines, dont celle de la RATP. À cela s’est ajouté un montage financier complexe, un temps d’attente long pour le déroulement du processus, mais beaucoup de satisfaction sur le résultat final ! ». « Je ne pourrais pas affirmer que nous avons réalisé de belles économies d’énergie, conclut Évelyne Kerfant, à cause malheureusement de la grosse augmentation du prix coût de l’énergie elle-même et du fait que le chauffage est individuel, donc cela dépend de chacun. Par contre, nous sommes heureux du résultat de l’aspect esthétique extérieur ».