1/ Facilitez l’accès aux canalisations quand on a besoin de faire des curages. Ne pas planquer les pieds de chute dans les caves privées. D’une manière générale, afin de réduire les risques d’engorgement, évitez les pentes pas pentues et les coudes trop coudés. Si vous avez un autodestructeur de lingettes, on est preneur. Et le PVC, franchement, mettez-nous plutôt de la fonte de bonhomme.
2/ Soyez généreux sur la zinguerie et les couvertines en façade pour éviter les dégoulinures et les grandes taches de moisissures qui déguelassent la façade au bout de 6 mois. Allez-y franco sur la proéminence des corniches. Mettez-nous des bandeaux saillants, bien joufflus et bien creusés avec une succession de larmiers pour bien casser la goutte. Une belle corniche, ce n’est pas juste pour la déco.
3/ Un système de chauffage collectif pas trop sophistiqué et simple d’usage, que les techniciens pourront faire fonctionner tout seul sans téléphoner aux ingénieurs Géo Trouvetou qui l’ont conçu en secret dans leur laboratoire. Chef, ça clignote de partout, je fais quoi ?
4/ Si vous pouviez nous mettre une vraie porte de parking, ce serait sympa. À propos des parkings, évitez les places visiteurs. Pour votre brochure c’est vendeur, mais derrière c’est la guerre civile, et le casque bleu c’est le syndic. On finit par les vendre sur le champ de bataille.
5/ Prévoir un vrai accès à la toiture-terrasse avec un vrai escalier par exemple, et pas une échelle casse-gueule quadruple section qui raye les murs et pète les appliques quand on la déplie.
6/ Un local vélos accessible dès l’entrée de la résidence, et non au 3e sous-sol du 3e sas après le 3e couloir. Accessoirement, si vous pouvez y installer deux ou trois racks, ça serait bien. Un local à vélos vide, ça fait bizarre, ça finit en dépotoir. Ça ne coûte pas cher un rack.
7/ Faites-nous des organigrammes à clés simples et basiques. La dernière fois que je suis allé à l’immeuble pour une visite, j’ai dû prendre une valise à roulettes.
8/ Des étiquettes signalétiques un peu partout. C’est peut-être un détail pour vous, mais, pour moi, ça veut dire beaucoup.
9/ Vibrez un peu plus le béton. Sinon c’est comme les crêpes, ça fait des grumeaux sous les balcons. Comme les anciens, est-ce qu’on se dit que ça durera 1000 ans ?
10/ Oubliez les façades végétalisées, ça coûte cher en entretien et ça finit en jungle amazonienne.
11/ Limitez le nombre de clés de répartition de charges au strict minimum. Charges générales + bâtiment + ascenseur basta. Ça ne sert à rien de créer une clé spéciale pour un bout de palier. Les procéduriers s’en régalent. Même si votre client exige de ne payer que ce qu’il consomme, soyez forts et tenez-lui tête, on est en copropriété ici, pas en pavillon individuel.
12/ Dans le même registre du découpage farfelu, évitez de créer un volume hors copropriété pour les boutiques du RDC. Le jour où on fait le ravalement, les autres ne comprennent pas pourquoi le commerce ne paie pas pour la façade au-dessus de sa tête.
13/ Pensez à nous mettre tout de suite une petite clause Airbnb dans le RCP, ça nous évitera les psychodrames et les guerres de religion si on doit s’en occuper nous-mêmes après coup.
14/ Expliquez bien à vos acheteurs dans vos bureaux de vente les droits et obligations du copropriétaire. Expliquez bien qu’ils auront des charges à payer tous les trimestres, environ quelle somme et pourquoi. Et surtout, expliquez-leur bien que le rôle du syndic est de gérer les parties communes uniquement, pas les parties privatives, ni de faire le SAV du promoteur. Désolé.
15/ Ça ne sert à rien non plus de nous mettre la pression pour nous refiler le bébé alors que votre immeuble n’est pas fini. La réception concerne vos entreprises, la livraison concerne vos clients. Le syndic ne fait qu’une visite d’inspection des parties communes. On la fera ensemble tranquillement et on vous paiera le café. Pendant 10 ans, de toute façon, on ne va plus se quitter.