En 2012, voulant faire un break dans sa carrière professionnelle, Denis Vannier a parcouru le monde, seul avec son sac à dos en prenant les moyens de transports locaux. Cette expérience l’a fait réfléchir sur la transition énergétique et la surconsommation occidentale.
À son retour, propriétaire de son appartement, il a découvert la copropriété. Il a voulu rejoindre le conseil syndical dans la ferme intention de participer activement à la vie de l’immeuble au travers des économies d’énergie. C’est ainsi qu’il a porté l’idée d’un projet de rénovation énergétique globale de janvier à octobre 2014 au sein du conseil syndical. « J’étais très motivé, dit-il, en constatant que les deux chaudières de la copropriété étaient en fin de vie. Habitué à manager des équipes et à gérer de gros projets dans mon univers professionnel, j’ai proposé au conseil de mettre à l’ordre du jour de l’assemblée générale à la fois une résolution pour un audit énergétique obligatoire, et une autre résolution d’anticipation pour un appel d’offres et le vote des travaux avec un CPE (contrat de performance énergétique). Je voulais gagner du temps administratif (le temps c’est de l’argent… et des économies d’énergies plus rapides). J’étais seul face aux 10 membres du conseil à porter ce projet mal accueilli au départ. J’ai réussi à gagner l’écoute du conseil syndical en amont après de nombreuses discussions et des allers-retours mensuels entre auditeurs et CS pour faire évoluer le projet grâce aux objections. Ce projet ambitieux n’a pas eu le même impact sur les trois bâtiments de 100 logements au total. L’un a voté une rénovation énergétique globale (ravalement et isolation complète du bâti avec ventilation) et les deux autres seulement la rénovation de la chaufferie commune aux 3 bâtiments avec des sous-compteurs par bâtiment, robinets thermostatiques radiateurs, et individualisation des frais de chauffage. C’était leur choix et le fait de ne pas imposer à tous le même projet et d’être à leur écoute, de tenir compte des envies et des capacités de chacun a fait le succès attendu et surtout rapide de cette rénovation ».
Spécialiste de la copropriété
Fort de cette expérience, Denis Vannier qui recherchait une nouvelle activité professionnelle et poussé par des professionnels du secteur, s’est lancé dans l’aventure de la rénovation énergétique des copropriétés en créant, en 2015, sa structure CS Partenaire, un assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO) de la copropriété. En parallèle, il s’est formé au coaching professionnel, ajoutant ainsi à sa casquette d’ingénieur technique et financier, celle des sciences humaines.
« Partenaire et prestataire de la Métropole de Lyon dès 2017, j’ai été invité à répondre à un appel à projet Certificats d’Économies d’Énergie (CEE). J’ai remporté cet appel à projets à ma grande stupéfaction. Fédérant des experts nationaux de la copropriété et de la rénovation en 2019 autour de ce programme, organisant une équipe projet pluridisciplinaire au sein de la scop où mon activité était domiciliée, nous avons accouché d’une école nationale de la copro qui mise sur les relations humaines comme clé de réussite de projets collectifs (et donc centrée sur la copropriété, et non pas la rénovation énergétique qui est un prétexte ou un sujet d’actualité parmi d’autres) ». LaCoproDesPossibles venait de voir le jour sur la base d’un programme CEE du ministère de l’Énergie et de l’Ademe, avec une cinquantaine d’experts et d’acteurs nationaux de la copro.
Une école nationale pour tous
« J’ai rassemblé, se souvient Denis Vannier, les personnes rencontrées de 2015 à 2018 dans différentes régions de France, pour réfléchir et inventer un projet qui occuperait un ou des trous dans la raquette pour mobiliser les copropriétaires sur des sujets, comme la rénovation, et les aider à se mettre collectivement en actions. LaCoproDesPossibles utilise des sujets comme la rénovation globale, un prétexte, pour aussi parler, sensibiliser, ou former sur ce qui permet de mettre en œuvre (ou non) des projets d’ampleur. Notre organisme de formation souhaite participer à la transformation du métier de syndic qui n’a pas forcément les compétences internes dans tous les domaines, et ne peut pas les avoir sur tous les sujets d’une copropriété. Nous formons aussi les conseillers syndicaux à savoir agir sur les différents niveaux technique, juridique, financier dans un projet collectif par groupe de personnes. Le levier principal de réussite d’un projet de rénovation en copropriété est de coconstruire avec les copropriétaires. C’est le gage de succès 100 % de réussite en 2024 dont 50 % à l’unanimité dans mon autre société CS Partenaire d’AMO copro) ». À ce jour, LaCoproDesPossibles a formé plus de 2 500 gestionnaires syndic et plus de 1 000 copropriétaires. C’est une école qui mise sur les relations humaines en mettant au centre les copropriétaires afin d’assurer que les pros fassent pour, mais surtout avec eux. Cela permet au projet de devenir celui des copropriétaires et donc lève tout risque de refus en AG. « Si la copropriété dysfonctionne aujourd’hui, analyse Denis Vannier, c’est que son mode d’action n’est pas optimum. Il est important d’abord d’expliquer aux copropriétaires les rouages du fonctionnement de leur copropriété avant même de leur parler de rénovation ». Aujourd’hui, après l’arrêt des financements CEE pour la formation des copropriétés, de leurs syndics et autres professionnels, LaCoproDesPossibles doit rebondir et trouver des financements pour continuer. Lors de leur dernière AG extra en mars dernier, la décision des 14 associés publics et privés était de continuer malgré la situation financière délicate. C’est sur ce projet collectif, ce challenge social, écologique et économique, que le jury des Grands Prix 2024 a accordé à Denis Vannier le prix spécial du jury. Alors avis aux potentiels financeurs.