Le salon de la Copropriété et de l’Habitat se tiendra les 5 et 6 novembre 2025 à Paris porte de Versailles. Créé il y a 30 ans par Jean-Loup Taïeb, il est aujourd’hui dirigé par Olivia Milan pour le compte de Beyond Event.
Les noces de perle marquent généralement l’anniversaire de 30 années de mariage, mais là c’est l’anniversaire d’une perle rare et précieuse, un salon spécifique placé sous le signe du partage et de la convivialité. Ces deux mots ne sont pas que des mots, c’est un fil rouge qui, initié par Jean-Loup perdure 30 ans plus tard avec Olivia. Tous deux ont privilégié le partage d’informations, les retours d’expériences, la rencontre, à la fois sur les stands et dans les allées. Et la convivialité à la Française, comme dans chaque album d’Astérix. Cet événement se termine non pas autour d’un banquet, mais d’une nocturne, un temps fort pour les exposants et la communauté copropriété pour se retrouver. Cet anniversaire mérite d’être célébré comme il se doit et l’on peut faire confiance aux organisateurs pour nous concocter une édition hors du commun. La première surprise, c’est d’avoir pu interviewer Jean-Loup Taïeb, cet architecte sans qui le salon de la copropriété n’aurait jamais existé et je tenais à lui rendre hommage. Un hommage aussi tout particulier pour Olivia Milan, l’actuelle commissaire générale du salon rebaptisé salon de la Copropriété et de l’Habitat, car elle a su faire évoluer ce petit salon pour en faire un rendez-vous incontournable.
Nathalie Vaultrin : « Jean-Loup, notre magazine est né sur ton salon il y a presque 20 ans déjà et je suis fière aujourd’hui d’être toujours présente sur ce magnifique salon. Peux-tu nous raconter la naissance de ce grand événement ? ».
Jean-Loup Taïeb : « L’idée m’est venue en 1994 et la première édition a eu lieu en 1995 à la Défense dans une salle basse de plafond située en sous-sol. Dans les années 90, en pleine crise de l’immobilier, je n’avais plus assez de projets en tant qu’architecte et je retrouve alors par hasard un ami que j’avais connu comme gestionnaire lorsque j’étais étudiant. Patrick Haymann-Gony était alors devenu directeur du développement de la Sidim, filiale de la Caisse des Dépôts. À ce moment-là, les grands cabinets de syndics commençaient à racheter de plus petits, inspirés par le modèle belge de Tractebel. C’était donc la mission de Patrick qui me propose de rencontrer des syndics déjà intégrés dans sa structure et je commence alors quelques chantiers d’architecture en copropriété. Je passais mon temps en assemblées générales et en réunions de conseils syndicaux, secteur dont j’ignorais tout. Mais je me suis vite passionné pour cet univers de l’immobilier. Étant jeune, je visitais des salons avec mon père et je constatais que ce média permettait la rencontre, les confrontations d’idées et créait de la valeur. De là, j’ai pensé qu’il fallait favoriser les échanges entre professionnels et copropriétaires par ce média ; c’est ainsi que je me suis lancé en tant qu’organisateur de salon dans cette filière passionnante qu’est la copropriété ».
N.V : « Comment s’est déroulée cette première édition ? ».
JL.T : « Les grands co-inventeurs furent, pour moi, Gérard Uniack président du Conseil régional de l’ordre des architectes et Gérard Trouvé président de l’entreprise de ravalement Trouvé, qui m’avait présenté quelques-uns de mes exposants, dont la Fnaim ; Gérard Trouvé prenait à chaque session un grand stand avec beaucoup d’animations et de convivialité, dont les anciens se souviennent probablement encore aujourd’hui. Mais la veille de l’ouverture du premier salon, à 18h — vous imaginez bien que j’étais stressé — le président de la Fnaim IDF Jacques Laporte me convoque et m’intime l’ordre de refuser catégoriquement la présence de l’ARC (association des responsables de copropriété), sous peine de ne plus participer et d’appeler un à un mes exposants pour les convaincre de ne pas venir. Je ne pouvais évidemment pas souscrire à ce diktat, car le partenariat avec l’ARC m’assurait la venue de mon public : les copropriétaires. Un salon sans visiteur, ce sont des allées vides et des exposants légitimement frustrés. J’ai donc refusé en expliquant au président que ma volonté et l’essence même du salon étaient avant tout que les différents acteurs puissent se rencontrer. Finalement, le jour J tout le monde est venu et de très belles rencontres se sont faites. J’ai pu côtoyer un monde que je ne connaissais pas et celui des politiques qui se sont déplacés sur le salon, comme l’ancien Maire de Paris Jean Tibéry, Philippe Séguin, Bertrand Delanoê et l’actuelle Maire de Paris Anne Hidalgo… Et le premier soir nous nous sommes tous retrouvés autour d’un cocktail qui fut un moment de convivialité inégalable ».
N.V : « As-tu une anecdote qui t’a marquée ? ».
JL.T : « Avant PARIS EXPO Porte de Versailles, le salon s’est déroulé dans les halls du Carrousel du Louvre. Lors d’une des premières sessions, nous avons eu, en fin de matinée du premier jour du salon, une alerte à la bombe heureusement erronée, mais qui a eu pour conséquence de devoir faire fermer le salon aux visiteurs et exposants pendant plus de quatre heures : le temps que les services de sécurité de la préfecture avec les chiens renifleurs puissent finaliser leurs inspections. Inutile de dire que cette première journée fut catastrophique : tout le monde avait quitté le salon pour aller déjeuner et les allées restèrent vides quasiment tout le reste de la journée ; nous étions tous profondément désolés et meurtris par cette fausse alerte qui avait ruiné nos espoirs, mais satisfaits de ne pas avoir eu de blessés ou pire ».
N.V : « Une petite remarque sur l’évolution de la copropriété qui fête cette année ses 30 ans ? ».
JL.T : « C’est un secteur qui évolue à une petite vitesse, c’est un temps long que celui de la copropriété. En 30 ans, je n’ai pas constaté de grandes évolutions, notamment au niveau des comportements humains qui restent constants, comme depuis “Les Caractères de Jean de La Bruyère”. Par exemple, un piéton, très calme, peut devenir agressif au volant de sa voiture. De même, une personne — tout à fait agréable — peut changer de posture en devenant copropriétaire, se sentant légitime et protégée dans son chez soi. En France, on adore parfaire les choses et changer des principes qui fonctionnent. À vouloir la perfection, on peut créer des monstres difficilement gérables. C’est un peu le sentiment que je ressens aujourd’hui avec toutes ces normes, réglementations, aides, subventions qui ne cessent d’évoluer et de changer trop rapidement pour le temps long de la prise de décision (qui lui n’évolue pas !) ». La preuve en est donnée par Bernard Tallent directeur de copropriété, qui, dans un post récent constatait que 71,4 % des textes concernant la copropriété ont été publiés entre 2006 et 2025… À ma connaissance, les copropriétaires n’en sont pas plus heureux ».
Des évolutions marquantes, 30 ans plus tard pour Olivia Milan
N.V : « Olivia, ton premier salon de la copropriété s’est tenu porte de Versailles, comme aujourd’hui, c’était en 2014. Comment s’est passée cette première édition pour toi ?».
Olivia Milan : « Notre premier salon de la copropriété était plus intimiste en termes d’espace. J’ai été plongée dans le grand bain sans avoir préalablement préparé cette édition qui avait été gérée par ma consœur. Une semaine avant le début du salon, ma direction a intégré ce salon dans le pôle immobilier que je dirigeais chez Comexposium. La copropriété, je ne la connaissais que sous l’angle de la copropriétaire que j’étais et là, je devais tout découvrir. Ma première initiative, le jour de l’ouverture, ce fut de rencontrer les instances la Fnaim, de l’Unis, et Maître Lebatteux (père) afin d’échanger avec eux sur leurs besoins. Je voulais créer des liens immédiats pour accompagner et comprendre le quotidien des exposants. Le salon s’est bien déroulé et après “avec ma petite valise à roulettes”, je suis allée à la rencontre des exposants pour faire connaissance et enrichir le salon de leurs expériences ».
N.V : « Quelles évolutions as-tu mises en place sur le salon pour “coller” aux transformations du secteur de la copropriété ? ».
O.M : « Notre premier salon de la copropriété était plus intimiste en termes d’espace. J’ai été plongée dans le grand bain sans avoir préalablement préparé cette édition qui avait été gérée par ma consœur. Une semaine avant le début du salon, ma direction a intégré ce salon dans le pôle immobilier que je dirigeais chez Comexposium. La copropriété, je ne la connaissais que sous l’angle de la copropriétaire que j’étais et là, je devais tout découvrir. Ma première initiative, le jour de l’ouverture, ce fut de rencontrer les instances la Fnaim, de l’Unis, et Maître Lebatteux (père) afin d’échanger avec eux sur leurs besoins. Je voulais créer des liens immédiats pour accompagner et comprendre le quotidien des exposants. Le salon s’est bien déroulé et après “avec ma petite valise à roulettes”, je suis allée à la rencontre des exposants pour faire connaissance et enrichir le salon de leurs expériences ».
N.V : « Pourrais-tu nous raconter une petite anecdote, tu dois en avoir en 10 ans de salon ? ».
O.M : « Mon patron de l’époque m’a conseillé de me mettre en relation avec un dirigeant qui pourrait m’apporter des éclairages intéressants. Il me donne le nom de Marc Davisseau, directeur de la publication de Copropriété et Travaux. Et ce qui est amusant c’est que, 20 ans plus tôt, j’avais déjà travaillé avec Marc sur d’autres sujets. C’est de là que nos liens privilégiés sont nés avec le magazine Copropriété et Travaux qui d’ailleurs, est né il y a 20 ans sur ce même salon. La boucle était bouclée ! ».
N.V : « Olivia, je ne peux pas terminer cette interview sans que tu me révèles en off bien sûr les petites surprises de cet anniversaire ».
O.M : « Oh, tu sais bien que les meilleures surprises ne se révèlent jamais à l’avance… Mais disons qu’il y aura quelques clins d’œil aux débuts du salon, des invités inattendus, le salon revêtira son habit de fête… Je n’en dis pas plus… Tu verras sur place ! »